- Avec le covoiturage dynamique, les passagers utilisent leur smartphone pour trouver un conducteur qui est déjà en route et qui va dans la direction souhaitée.
- Sur une ligne de covoiturage, les passagers de rendent aux arrêts et attendent qu'un conducteur inscrit s'arrête.
Cette page était à jour en 2020. Le paysage a rapidement évolué depuis sans toutefois qu'une solution miracle soit apparue pour offrir (en 2024) une alternative susceptible de faire reculer massivement l'auto-solo dans des territoires périurbains peu denses comme le nôtre.
Covoiturage dynamique en zone périurbaine : où va-t-on ?
Des dizaines d’innovateurs s’efforcent en ce moment de mettre les smartphones au service du covoiturage quotidien. Nous faisons une veille sur ces innovations et nous avons fait une première synthèse en 2016. Il nous est apparu que ces jeunes pousses fleurissaient dans les grandes métropoles et sur les grands axes. Nous n'en avons pas vu germer à la campagne parce que les innovateurs cherchent à constituter de grandes communautés virtuelles en attirant les utilisateurs un à un comme un commerçant attire ses clients. Or ce modèle est voué à l’échec dans les territoires peu denses car les flux de déplacements sont petits et éparpillés.
Problème supplémentaire : les applications numériques ont besoin d’un bon réseau de téléphonie mobile. Or les tests que nous avons faits en périphérie de Bourg sont mauvais : le taux d’échec va jusqu’à 25% et en cas de réussite le temps d’affichage de l’écran peut aller jusqu’à 30 secondes. On aurait besoin d’applications spécialement adaptées aux zones péri-urbaines et fonctionnant avec très peu d’échanges de données.
Nous rêvons à un autre modèle d’innovation pour les zones périurbaines peu denses : faire émerger des petites communautés sociales et les fédérer autour de solutions de mobilité adaptées. Plutôt que des innovations numériques cherchant à susciter des interactions sociales, il faudrait des d’innovations sociales mobilisant des outils numériques adaptés.
Voir le texte complet de notre étude de 2016 sur l'écomobilité numérique en zone périurbaine
Lignes de covoiturage
Une ligne de covoiturage ressemble à une ligne d'autocars avec un itinéraire jalonné d'arrêts, sauf que la desserte est assurée par les automobilistes qui passent et qui prennent les passagers attendant aux arrêts. Nous pensons qu'une telle ligne peut offrir une alternative crédible à la voiture en solo si la rencontre conducteur-passager est sécurisée, si les arrêts sont de bonne qualité et si l'attente moyenne est de quelques minutes (15 minutes maximum).
L'idée des lignes de covoiturage, avec des arrêts en bord de route, est d'abord apparue en Suisse avec Carlos, une expérience poursuivie par Taxito. Des formules similaires ont ensuite été développées en France comme Covoit'ici et Fleetme. D'autres systèmes sont aussi proposés avec des arrêts virtuels, par exemple Ouihop depuis 2015 et Blablalines depuis 2017. Voir notre étude des lignes de covoiturage réalisée en 2017. Le principe des lignes et des arrêts en bord de route a aussi été appliqué à l'autostop organisé, par exemple près d'Annecy.
En sortie de ville, le premier arrêt d'une ligne de covoiturage pose problème. Il y a un compromis à trouver entre la proximité du centre pour accéder facilement aux emplois et services et l’éloignement du centre pour profiter du trafic périurbain et remplir les voitures. C’est ce que nous appelons le problème des portes de ville. Nous avons commencé à étudier ce problème avec une attention particulière pour Bourg-en-Bresse (voir notre étude).
Taxito
Avec Taxito les arrêts de la ligne de covoiturage sont équipés de bornes et de panneaux lumineux interactifs. Le passager se rend à l’arrêt le plus proche. Il signale sa destination, soit à l'aide d'une application, soit par texto. La destination s’allume alors automatiquement sur le panneau pour que les conducteurs voient la demande. Lors de l'embarquement, le passager signale le numéro de la voiture par texto ou par l'intermédiaire de l'application. En Suisse, le prix du trajet est forfaitaire (2 €). Il est débité sur la facture de téléphone du passager et reversé pour moitié au conducteur et pour moitié à la société Taxito.
Depuis 2015, Taxito fonctionne avec succès sur des lignes reliant cinq villages suisses à la gare la plus proche. Le temps d'attente moyen est de 3 minutes. Les usagers utilisent majoritairement les textos. La fréquentation des transports publics a augmenté. Le Canton de Lucerne pévoit de déployer le service dans d'autres territoires.
Par ailleurs, une ligne franco-suisse a été créée entre Morteau et La Chaux de Fonds. A l'inverse des lignes suisses initiales, cette nouvelle ligne a été installée avec des financements publics. La fréquentaion n'a pas été suffisante et l'expérience a été interrompue.
Covoit'ici
Covoit'ici est le nom des lignes de covoiturage testées dans la périphérie ouest de Paris par la société Ecov. La formule est maintenant (2022) déclinée dans plusieurs dizaines de territoires en France. Comme en Suisse, les arrêts sont équipés de bornes et de panneaux lumineux. Les lignes sont installées avec des financements publics. Les modalités d'inscription, de mise en relation et d'indemnisation varient d'un territoire à l'autre.
Fleetme
Fleetme est le nom des lignes de covoiturage testées à Avignon, Auxerre, Beauvais et Grenoble par la société Transdev en 2016 et 2017. Ces lignes de covoiturage se superposent à des lignes de bus urbains et utilisent les mêmes arrêts. Il n'y a pas de bornes ni de panneaux interactifs. La mise en relation du passager et du conducteur se fait à l'aide d'une application. A chaque déplacement, le conducteur déclenche son trajet qui devient visible en temps réel pour les passagers. Le passager réserve jusqu'au dernier moment. Au moment de l’embarquement, le passager utilise son smartphone pour lire le QRCode du conducteur qui est collé sur le pare soleil de la voiture, ce qui enregistre le covoiturage. Une fois le covoiturage enregistré, le compte du passager est débité du prix d’un billet d’autocar (de 1 à 2 €). Le conducteur est indemnisé à chaque parcours de la ligne s'il a proposé un covoiturage, même s’il n’a trouvé aucun passager sur sa route. L’indemnité varie de 50 cts à 2 € par trajet selon les villes. Cela permet de recruter suffisamment de conducteurs et d'offrir un bon service. Le service est proposé à Grenoble depuis septembre 2017 sur une ligne périurbaine de 10 km avec une indemnité de 10 cts/km.
Le système est proposé aux collectivités et opérateurs de transport pour leur permettre de compléter, remplacer ou créer des lignes pour un coût réduit.
OuiHop
OuiHop est une application qui regroupe conducteurs et passagers sur les itinéraires qu'ils ont en commun. Le conducteur enregistre ses itinéraires habituels (départ, arrivée) et clique sur son itinéraire du jour au moment du départ. Son trajet est alors suivi en temps réel. Le passager voit tous les conducteurs qui s’approchent sur l'itinéraire, leur profil et leur position. Il en choisit un et envoie sa demande. Le conducteur est averti par une alerte sonore et son smartphone affiche le profil du passager, le lieu de prise en charge et la destination. Il accepte ou refuse. Le passager voit arriver le conducteur en temps réel sur son écran et lui fait signe. L’application demande une évaluation après chaque covoiturage. Le passager paie un abonnement symbolique de deux euros par mois et peut alors utiliser le service de façon illimitée. Le conducteur ne reçoit aucune indemnité financière. En revanche, à chaque fois qu'il parcourt la ligne en proposant un covoiturage, il cumule des points qui lui permettent d’obtenir des avantages tels que des bons de carburant, des réductions d'assurance auto ou des heures de location en autopartage.
Mi 2017 OuiHop compte 35 000 inscrits et 1 500 déplacements par jour. En Ile de France, Ouihop parvient à avoir 50 à 100 conducteurs circulant sur la même portion de route aux heures de pointe. Cependant, il ne s'agit pas à proprement parler de lignes de covoiturage et les arrêts ne sont pas matérialisés. Au départ, le système fonctionnait avec des lignes fixes mais la formule a été assouplie car les conducteurs acceptaient mal cette contrainte.
L’application a été soutenue par la Mairie de Paris, l'Ademe et d'autres partenaires. Le service a été ouvert en octobre 2015 sur quelques grands sites d'emploi en périphérie de Paris. En 2018 OuiHop a été mis à disposition des détenteurs du Passe Navigo (la carte de transports en Ile-de-France). D’autres sites sont maintenant desservis à Lyon et Nantes mais aucun en zone rurale. Dans les territoires peu denses, il faudrait probablement offrir des conditions plus attractives aux conducteurs pour atteindre la taille critique.
BlaBlaLines
BlaBlaLines regroupe les conducteurs et passagers selon des lignes qui se définissent progressivement dès qu'il y a un nombre suffisant de conducteurs effectuant le même trajet dans les deux sens. Le système comprend des points de rendez-vous localisés mais pas matérialisés en bord de route. Le passager fait sa demande sur l’application. Celle-ci recherche un conducteur, vérifie son accord et fait la mise en relation, y compris jusqu'à la dernière minute. L'application détermine automatiquement un rendez-vous sur la route du conducteur, à l’heure de son passage, et au plus proche du passager. Dans la phase pilote actuelle (mi 2017), BlaBlaLines ne prend pas de commission.
Comme son nom l'indique, l'application est proposée par Blablacar qui peut facilement s'appuyer sur l'importante communauté de covoitureurs qui a déjà été créée. En 2019, le modèle économique de Blablalines se cherchait encore.
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