Nous présentons ci-dessous
- quelques connaissances concernant la France
- quelques connaissances acquises dans d'autres pays
- une étude sur le potentiel du covoiturage en zone périurbaine
Cette page n'a pas été mise à jour depuis 2017 mais nous pensons (en 2022) que l'essentiel de ce qui est dit ici reste valable.
Études et enquêtes françaises
L’Ademe a fait réaliser plusieurs études sur le covoiturage quotidien en 2010, 2015 et 2016. Nous retenons que les plateformes de covoiturage locales inscrivent en moyenne 0,5% de la population concernée avec des variations entre 0,2 et 1,4%. La proportion d’usagers inscrits qui covoiturent effectivement varie de 3% à 10%. Les jeunes sont plus enclins à covoiturer. Les usagers covoiturent principalement sur des trajets domicile travail, pour moitié régulièrement (plusieurs fois par semaine) et pour moitié occasionnellement. Ils sont majoritairement 2 par voiture. Plus la distance est longue, plus il y a de personnes dans la voiture.
Dans une étude réalisée pour le Parc du Pilat, le cabinet Inddigo présente les résultats d’enquêtes françaises montrant la part du covoiturage dans les déplacements domicile-travail en fonction de la distance. Il apparaît que le covoiturage patine quand la distance est inférieure à 30 km et décolle au delà de 30 km.
Le Grand Lyon a réalisé des enquêtes sur le covoiturage en 2013 et 2016. Voici ce que nous en retenons. Au sein de la métropole, 5 % des actifs ou étudiants pratiquent le covoiturage, ce qui représente plusieurs dizaines de milliers de personnes. Seulement une toute petite partie des personnes qui déclarent covoiturer sont inscrites sur la plateforme de mise en relation du Grand Lyon (4 %). Cela témoigne de ce que la plupart des gens covoiturent entre connaissances (famille, amis, collègues). Il est également possible que les covoitureurs utilisent d’autres sites concurrents. La longueur moyenne des covoiturages est de 40 km. Par ordre d’importance décroissante, les covoiturages se font au-delà du périmètre du Grand Lyon (68%), puis du centre vers l’extérieur (17%), puis de façon tangentielle au centre (13%), et enfin de l’extérieur vers le centre (2%). La faiblesse de ce dernier chiffre traduit le fait que les trajets vers le centre sont très bien desservis par les transports en commun et très sujets aux embouteillages.
Études et enquêtes étrangères
De nombreuses études sont disponibles aux États-Unis mais beaucoup d’entre elles concernent le covoiturage sur les voies autoroutières réservées aux voitures ayant plusieurs passagers. Les connaissances ne sont donc pas facilement transposables en France.
On trouve des connaissances plus proches du contexte français dans une évaluation de la plateforme de covoiturage de la région urbaine de Wellington (Nouvelle Zélande). Ce travail a montré que la proportion d’inscrits pratiquant le covoiturage était passée de 12 à 30% au cours des trois premières années de fonctionnement du système. Dans le même temps, la proportion des inscrits déclarant covoiturer grâce au site est passée de 40 à 75%. Les deux tiers des équipages covoiturent au moins 4 fois par semaine. La durée de vie des équipages est de l'ordre d'un an (40% dépassent un an) et les usagers qui arrêtent le covoiturage le font pour des raisons pratiques plutôt que par lassitude.
Prospective sur le potentiel de covoiturage périurbain en France
Une étude réalisée en 2014 par le Commissariat général au développement durable (CGDD) a estimé le potentiel du covoiturage pour les déplacements domicile-travail pour l’ensemble de la France. L’étude couvre sept types de trajets allant des trajets intra-urbains aux trajets purement ruraux. Une catégorie de trajets correspond à peu près aux trajets périurbains : ce sont ceux qui relient une commune rurale et une commune urbaine hors Ile de France. L’auteure de l’étude estime à 3,2 millions le nombre de français faisant ce type de trajet pour leur travail. Ils le font en moyenne 160 fois par an, dont ¾ de trajets directs et ¼ de trajets avec des arrêts en route (ex : courses, école), sachant que ces arrêts en route limitent les possibilités de covoiturage. Sur ces trajets périurbains, le taux de remplissage des voitures est de 1,084, c'est-à-dire qu'environ une voiture sur dix a plus d’une personne à bord. L’étude ne fait pas la distinction entre le covoiturage familial qui est certainement proche de son maximum et les autres covoiturages ayant en principe un potentiel de développement. Le potentiel de covoiturage est estimé en faisant une analyse très fine de la concordance des horaires, demi-heure par demi-heure et des hypothèses plus grossières sur les concordances de trajets. Selon l’étude, il n’y aurait pas de potentiel de croissance pour le covoiturage périurbain, notamment à cause de la diversité des horaires et des itinéraires.
C'est ce qu'un chercheur a soutenu dans un article intitulé : « le covoiturage périurbain est mathématiquement impossible ». L’auteur a travaillé sur un territoire californien et il estime qu'il est possible d'apparier seulement quatre covoiturages de porte à porte sur total de 31500 déplacements pendulaires, ce qui justifie pleinement le titre de son article. Cette ‘loi’ a été réaffirmée par Thomas Matagne, un des leaders français du covoiturage à courte distance : « Il est impossible de faire du porte-à-porte autrement qu’avec un véhicule individuel utilisé individuellement ».